frnlen
Invité Du Mois : Lina Mukandoli « J’adore Porter Des Vêtements En Pagne Parce Que C’est Magnifique, Et Que Je Me Sens Belle Et Féminine Dedans »

Invité Du Mois : Lina Mukandoli « J’adore Porter Des Vêtements En Pagne Parce Que C’est Magnifique, Et Que Je Me Sens Belle Et Féminine Dedans »

/ Invité du Mois / Sunday, 16 January 2022 10:33

Par Jean Paul HABIMANA, politologue  

Poétesse, écrivaine, humaniste et blogueuse, Lina Mukandoli, née au Rwanda, évolue actuellement en Belgique qu'elle a rejointe de très tôt. Étudiante en Master II option Langues et lettres modernes, orientation germanique à l'ULB ( Université Libre de Bruxelles), elle est une passionnée de littérature et de poésie. Ci-après, le contenu d'une interview qu'elle a accordée à la rédaction du Journal Œil d'Humanité à la veille de sa soirée poétique prévue pour le 6 février prochain.

 

Œil d’humanité: Pour commencer, on aimerait que vous vous présentiez aux lecteurs d’Œil  d’Humanité ; votre parcours, votre amour pour l'écriture, les études, etc. 

Lina Mukandoli: Je suis étudiante en deuxième année de Master à l’ULB en langues et lettres modernes, orientation germanique (anglais-néerlandais), à finalité troisième langue (arabe). 

Mais j’ai fait mon bachelier en Faculté de Traduction et Interprétariat à l’UMons. Et avant cela, j’avais fait un passage raté en médecine à l’UNamur. 

Lorsque je suis arrivée en Belgique, mes parents m’ont rapidement inscrite à la bibliothèque qui était située près de chez moi. Depuis ce jour-là, j’ai lu autant de livres que j’ai pu. À mesure que je grandissais, mes goûts se précisaient et cet endroit est devenu comme une deuxième maison. Encore aujourd’hui, je ne me sens jamais aussi bien que lorsque je suis entourée de livres. 

Parallèlement à la lecture, j’ai écrit à partir du moment où j’ai été suffisamment à l’aise en français pour pouvoir le faire. J’ai écrit des lettres à mes parents, des petits mots à mes amis, des lettres et des cartes à mes professeurs lorsque j’avais quelque chose à leur dire, et des poèmes. Lorsque j’avais lu un livre qui m’avait énormément touchée ou que quelque chose me tracassait, j’écrivais un poème sur le sujet. Et puis, vers mes dix-sept ans, j’ai arrêté. Je croyais que je n’écrirais plus jamais, que ça s’était terminé avec mon adolescence. Heureusement, il s’avère que je me suis trompée. 

Œil d’humanité :   Vous êtes née au Rwanda que vous avez quitté très jeune pour l’Europe. Comment avez-vous vécu  ce passage d’une société à une autre, complètement différente ? 

Lina Mukandoli : Lorsque je suis arrivée en Belgique, comme je ne parlais pas la langue, j’ai décidé que, quoi que les gens me demanderaient, je répondrais toujours « non », des fois qu’ils me demandent des choses qui se retourneraient contre moi. Mon pacte m’a fait vivre des situations très embarrassantes. 

Je me souviens qu’un jour j’étais en primaire et un de mes enseignants m’a posé une question. Comme je ne comprenais pas, j’ai répondu « non » par prudence. Et là, toute la classe a éclaté de rire, mais c’était vraiment n’importe quoi. Certains tapaient sur la table. Un sacré boucan. Notre enseignant, quant à lui, est devenu tout rouge, et il est allé cacher son hilarité dehors. Il est revenu après s’être calmé. Encore aujourd’hui, je ne sais toujours pas quelle était sa question puisque je ne parlais pas encore français. Je me souviens par contre que cet enseignant a noté comme remarque dans mon bulletin : « elle répond toujours ‘non’ ». 

Mis à part cette expérience – qui est plus une anecdote amusante qu’un sérieux problème, je pense qu’une fois arrivé dans un milieu inconnu, on apprend les règles et on s’adapte tout simplement. Et, au fil du temps, on se familiarise avec son milieu jusqu’à nous approprier notre expérience, à évoluer plus librement. 

Œil d’humanité : Vous êtes poétesse, écrivaine. D’où vous vient cette passion pour la littérature ? De l'inspiration ou du talent ? Quand avez-vous eu ce désir irrésistible d’écrire ? 

Lina Mukandoli : J’ai été initiée à la poésie au Rwanda. Lorsque nous sommes partis du pays, je venais d’entrer en quatrième primaire, et notre enseignant venait de nous lire notre premier poème. C’était « Souvenir » de Jean-Baptiste Mutubaruka. Je ne sais pas pourquoi, j’ai encore en mémoire certains vers de ce poème. 

Mais je n’ai commencé à écrire moi-même qu’en Belgique, après  un exercice donné par une de mes enseignantes. J’étais en 6e primaire, et cela faisait de nombreux mois que, régulièrement, nous devions recopier des poèmes d’auteurs belges ou francophones, les mémoriser, puis ensuite les réciter devant la classe. Puis, un jour, notre enseignante a estimé que nous étions désormais familiarisés avec ce style d’écriture, et elle nous a donné pour exercice d’en écrire un nous-mêmes. 

Malheureusement, nos productions l’ont vraiment déçue. Cependant, juste avant de nous rendre nos copies, elle a dit : « vous semblez ne pas avoir compris cet exercice, mais heureusement une personne a compris. Je vais vous lire son poème en guise d’exemple. » Lorsqu’elle a lu le poème, c’était celui que j’avais écrit. Je n’en croyais pas mes oreilles. Ce jour-là, j’ai pris conscience que je pouvais écrire des poèmes moi-même, et je m’en suis donnée à cœur joie ! 

Œil d’humanité : Votre œuvre composée pour le moment d’un recueil de poèmes et  d’un roman  aborde des thèmes de prédilection.  Pourquoi ce choix ? Est-il lié à votre propre expérience de vie ? 

Lina Mukandoli : Oui, tout-à-fait. 

Pour commencer, j’aime enseigner, et d’ailleurs, je m’y prédestine. D’autre part, j’aime apprendre. Les deux, ensemble, font que, chaque fois que j’apprends des choses que je trouve intéressantes, j’ai juste envie de les partager avec autant de personnes que possible. 

En ce qui concerne les thèmes abordés dans ces premiers écrits qui paraîtront très prochainement, le principe énoncé ci-dessus est également de rigueur. J’aborde des thèmes tels que la résilience après des épreuves, la confiance en soi, le choix de notre destin, etc. Et en fait, je transmets ici, sous la forme de poèmes et d’histoires, tout ce que j’ai appris sur ces sujets au fil des années, de mes lectures, de mes explorations personnelles. J’écris pour ne pas oublier ce que j’apprends au fil de mes expériences et aussi pour partager mes nouvelles connaissances avec ceux et celles que cela pourrait intéresser. 

Œil d’humanité :   Vous préparez pour bientôt une soirée poétique ? En quoi consiste cet événement culturel et quelle importance revêt-il pour vous ? 

Lina Mukandoli : Oui.  

Il s’agit d’une soirée poétique et musicale lors de laquelle je ferai la promotion de mes deux premiers livres évoqués ci-dessus. Je présenterai les livres, et puis s’ensuivra un moment où des amis auteurs et moi, chacun à notre tour, réciterons certaines de nos productions devant le public. Les récitations seront interrompues par un moment musical. 

Cette soirée est très importante pour moi parce que, premièrement, c’est la première – mais certainement pas la dernière – fois que je réciterai mes poèmes devant un public. Et, secondement, parce que les personnes qui assisteront à la présentation des livres verront vraiment l’état d’esprit qui guide mes écrits, apprendront à connaître l’histoire de l’auteur derrière les mots. 

Œil d’humanité :   Vous êtes également blogueuse. Pouvez-vous nous dire si les thèmes abordés dans cet espace personnel sont ceux même que vous prolongez dans la poésie et le roman ? 

Lina Mukandoli : Oui, tout-à-fait les mêmes. 

Œil d’humanité :   Au cours de votre présentation, vous avez choisi les chansons de Cécile Kayirebwa. Pouvez-vous nous parler de cette artiste très célèbre et nous dire les raisons d’un tel choix ? 

Lina Mukandoli : Cécile Kayirebwa, je la considère comme la maman culturelle des Rwandais. En tout cas, des Rwandais de ma génération. Nos parents, avaient leurs légendes. Cécile c’est la nôtre. Je suis une très grande fan depuis toute petite. C’est un rêve devenu réalité que de passer sur la même scène qu’elle, d’avoir obtenu qu’elle chante lors de ma soirée. 

J’aime sa musique parce que ses paroles sont poétiques, parce qu’elle a une personnalité et un style bien à elle, parce que sa voix est inoubliable. 

Œil d’humanité :    Il est difficile de s’adonner à l’écriture de romans parallèlement au travail académique presque sans moyens financiers. Comment faites-vous  pour vous en sortir ? 

Lina Mukandoli : Tout l’argent que je possède ou que j’acquiers grâce à mes jobs étudiants est investi dans mes projets. J’ai également reçu du soutien de la part d’un investisseur. Et puis, rien de tout ceci n’aurait pu se faire sans l’aide de mes parents. Cependant, idéalement, dans le futur, j’aimerais m’autofinancer pour cesser de peser sur eux et les laisser travailler à réaliser leurs propres projets. 

Œil d’humanité:   Parlez-nous de vos projets futurs. D’autres romans et d’autres poèmes en vue ? 

Lina Mukandoli : Absolument. Maintenant que j’ai recommencé à écrire, il est hors de question que je m’arrête. 

En ce moment, je travaille sur le roman qui était censé être mon premier et sur un nouveau recueil de poèmes. 

Œil d’humanité : Lorsqu’on parcourt votre blog, on a  l’impression que vous avez créé cet espace pour défendre des valeurs qui vous tiennent particulièrement à cœur. Est-ce vraiment cela, et si oui, quelle est votre philosophie de vie de laquelle vous tirez votre résilience ?  

Lina Mukandoli : Oui, tout-à-fait. Tout est dans le nom. Pétales d’ATSUTCHI. Les pétales parce que j’espère que les enseignements que je partage soient quelque chose de positif pour mes lecteurs, des connaissances comme des pétales qui s’envoleraient de moi à eux. 

Et les valeurs défendues dans ces enseignements, dans mes textes et, je l’espère, dans ma vie c’est ATSUTCHI – être Authentique, Tenace, Soumise à Dieu seul, Unique, Talentueuse, Courageuse, Humble et Intelligente. En somme, être soi, s’accepter pleinement, et exploiter chacune de ses capacités pour offrir le meilleur au monde. 

 

Œil d’humanité : Une question de simple  curiosité. Vous portez chaque fois les habits traditionnels africains ? Pourquoi ?  Est-ce l’attachement à vos origines ? 

 

Lina Mukandoli : Pour moi c’est juste naturel, en fait. J’adore porter des vêtements en pagne parce que c’est magnifique, et que je me sens belle et féminine dedans. Mon attachement à ces vêtements est sans doute dû au fait que, au Rwanda et partout en Afrique sub-saharienne en fait, c’est très courant de se faire faire des habits en pagne chez un tailleur. Quand j’étais petite (et encore aujourd’hui, à vrai dire), mes parents m’en faisaient faire régulièrement. J’y suis donc attachée pour cette raison également. 

Œil d’humanité :  Avez-vous d’autres points importants à partager avec nos lecteurs ?  Un message particulier par exemple ? 

Lina Mukandoli : Venez nombreux à ma première soirée poétique et musicale du 06 février prochain! On va passer un excellent moment de partage ensemble ! 

Please publish modules in offcanvas position.