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"Changer les médias, l'urgence d'agir", le cri conscient du Fond Pour une Presse Libre, FPL

"Changer les médias, l'urgence d'agir", le cri conscient du Fond Pour une Presse Libre, FPL

"Changer les médias, l'urgence d'agir", le cri conscient du Fond Pour une Presse Libre, FPL

/ SOCIETE / Saturday, 19 February 2022 09:38

source photo: fondspresselibre.org

 

Par Jeff THES

Le Fond pour une Presse Libre, FPL, qui dit constater que la Presse française est accaparée par une dizaine d'hommes d'affaires qui, à travers leurs médias à grande écoute, monopolisent l'opinion publique, et dans le souci d'encourager une Presse indépendante, a organisé ce 17 février un event-débat à la Bourse du Travail, Salle Hénaff, Annexe Varlin, métro République( France) , autour du Thème "Changer les médias, l'urgence d'agir". Plusieurs grandes interventions et trois panels composés entre autres de membres de presse, d'universitaires et de responsables d'organisation œuvrant pour la liberté d'expression, ont constitué le menu de cet événement qui a été diffusé sur les réseaux sociaux du FPL.

 

 

Le staff de Mediapart à travers le Fond pour une Presse Libre a organisé un événement-débat autour du thème " Changer les médias, l'urgence d'agir" à la Bourse du Travail, 29 boulevard du Temple, Salle Hénaff, Annexe Varlin, métro République, 75003 Paris, France, ce jeudi 17 février 2021.

Après avoir projeté deux extraits de film illustrant ce qu'on allait débattre tout au long de l'événement, on avait eu droit à une mise en contexte pour le moins éclairante du journaliste François Bonnet sur le comportement lobbyiste de la presse française absorbée par les grands noms comme CNews, Le Monde, et autres, dénonçant du coup ce que certains intervenants allaient considérer comme du "Vincent Bolloré" au sein de la presse française. Autrement, une presse d'industrie.

Les interventions des premiers invités se veulent une historique de l'existence de la presse indépendante en France.

Soraya Amrani Mekki est professeure de Droit à Paris Nanterre. Dans son intervention, elle a rappelé certains éléments devant constituer le cadre juridico-moral de la presse indépendante en France et en Europe. Elle fait de la presse quelque chose de fondamental dans une société.

Selon la professeure, la liberté de la pressr et le pluralisme de l'information sont reconnus par le conseil constitutionnel en 1884, la Convention Européenne des droits de l'homme, la Européenne des droits de l'homme et même la Déclaration des Droits de l'homme de 1789. La violation incessamment de ce principe par les médias dominants est un frein à la liberté d'expression, et ça ne fait que conduire à un chaos informationnel, à en croire le professeur qui appelle à travailler à une culture du Droit.

Mathilde Larrère, historienne et spécialiste des mouvements révolutionnaires du XIXème siècle a fait remonter la naissance de la presse indépendante au lendemain de la révolution française de 1789 avec la création de certains médias indépendants dont Le courrier de l'humaine, Ami du Peuple et Le vieux corps délié , tout en y considérant bon nombre d'obstacles auxquels cette forme de presse a dû faire face. Les grosses sommes exigées pour ouvrir un quotidien, la loi du timbre, selon les récits de l'historienne,  sont des plus grandes difficultés qu'a connues la presse libre au cours de son développement. Il y a toujours la politique qui veut contrôler et obstruer la presse avec les gouvernements de droite.

Que faire pour imposer le pluralisme au sein de l'espace public?

Le premier grand débat auquel ont pris part Agnès Rousseaux, Luc Bronner, Fabrice Arfi et Dominique Cardon, spécialiste de la révolution numérique, portait sur la question de savoir comment faire pour imposer d'autres thèmes ou/et contenus que la question de l'imigration, l'identité ou encore la saga Zemmour dans l'opinion qui serait colonisée par le lobbying des médias d'extrême-droite.

Fort du constat de la monopolisation, Agnès, directrice de Politis et Basta, croit qu'on est face à une nécessité de produire des outils d'émancipation et d'orientation. " On doit être offensif… créer un autre imaginaire", a-t-elle déclaré. Luc Brunner, de son côté, croit que CNews ne devrait pas être placé au centre du débat, vu qu'il n'a que 2,1% d'écoute en France. Les défenseurs de la presse libre doivent travailler à faire d'autres propositions aux gens afin de contrecarrer la culture du monopole des médias qualifiés d'instrument des hommes d'affaires.

Fabrice Arfi, journaliste de Mediapart, parle d'une Extrême-droitisation de l'information. Il dénonce ce qu'il appelle " un comportement de grenouille" c'est-à-dire, on est là, on absorbe lentement l'arrivée d'un mal qui nous atteint peu à peu et peut finir par nous emporter.

Dominique, sociologue, directeur du MediaLab Sciences-Po, qui part pratiquement des mêmes remarques que les autres intervenants, à savoir la monopolisation de l'espace médiatique français par les quotidiens de grandes fortunes et qui ont des grandes écoutes, dit observer que l'extrême-droite définit un agenda unique pour les citoyens. Lequel impose incessamment des termes qui, en réalité, ne constituent pas la principale préoccupation de la majorité des français. " À force que les médias ne parlent que de l'immigration et de l'identité, ils arrivent à faire taire les gens qui ont envie de s'exprimer", explique-t-il. Pour Dominique, la plateforme Twitter, les chaines d'information en continu et l'usage motivé que les médias qui sont entre les mains de l'extrême-droite font du sondage, sont trois malédictions qui ont conduit à cette situation déplorable en France.

En guise de solution, Il propose de réorienter cette presse jugée pourrie en encourageant les travaux d'enquête et de reportage au sein du journalisme afin de construire un autre regard informatif.

Stéphanie Besson est membre de l'association Tous Migrants basée à Briançon. Intervenant sur la question de la migration, elle informe que son association est poursuivie en justice pour avoir été au secours de certaines personnes qui tentent d'entrer en France en quête de survie. "On a été accusé de faire passer les gens", dit-elle qui évite d'utiliser des mots comme migrant et illégal qui ,pour elle, stigmatisent les réfugiés dont Tous Migrants a déjà accueilli environ 20000. Elle en profite pour dénoncer les exigences faites aux journalistes travaillant sur la situation de ces personnes en difficulté, par les agents des forces de l'ordre, et par les rédactions de certains journaux dominants qui, souvent, ne veulent pas diffuser leur reportage.

Le deuxième panel constitué uniquement de femmes responsables de médias indépendants, se veut le côté matériel des propositions. Que ce soit pour Faustine Sternberg, journaliste de Splan, Marie Barbie du quotidien La déferlante ou encore Clémence Postis de la revue Far Ouest, diversifier les sujets, créer l'intersectionnalité et donner une pluralité de représentation constituent de puissants outils pour lutter contre contre ce que la quasi totalité des intervenant de cette soirée ont considéré comme un chaos au sein de la presse française.

Stop Bolloré, un cri à cette soirée

 

Le troisième et dernier podium, comme son précédent,  s'inscrit dans la lignée matérielle des propositions.

Laurence De Cock est historienne et membre du collectif Stop Bolloré. Elle dit avoir déjà entrepris une série d'actions face aux dérives dont une saisine pour dénoncer les comportements de CNEWS pour atteinte à la protection de l'enfant et incitation à prendre les armes.

Avocat et co-auteur de l'ouvrage L'Information est un bien public, Benoît Huet se dit axer sur le droit à l'agrément et demande la déconcentration des médias. C'est-à-dire, un homme ne doit pas être propriétaire d'une dizaine de médias à la fois.

Anne-Claire Marquet, directrice du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL)qui, pour sa part, dénonce l'inégalité qui règne dans la question du financement public des médias en appelle au respect de la loi. Elle réclame de l'ordre de l'actionnariat au sein des institutions de presse afin d'éviter la mainmise. 

Et Lucile Berland, membre du Collectif Informer n'est pas un délit, qui se base sur les résultats des sondages qui montrent que les gens passent environ 5 heures par jour devant leurs écrans, plaide pour une éducation des médias qui va dans le sens de l'encouragement de la presse indépendante.

Si à travers cet événement le staff de Mediapart ont pu porter aux yeux du monde ce mal, à savoir la monopolisation de l'opinion publique française, qui ronge l'espace public et en propose des éléments de solution, il reste aux médias indépendants de déployer un effort, pas des moindres, pour imposer la diversité tout en évitant de tomber dans le piège de l'autre-extrême.

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