Les cérémonies de commémoration au niveau national ont eu lieu ce matin au Mémorial du Génocide de Kigali et dans tous les villages du pays où la population a pu rendre hommage aux victimes et réfléchir ensemble sur le parcours de reconstruction de l'unité nationale.
Le président rwandais Paul Kagame et son épouse Jeannette Kagame ont déposé des gerbes de fleurs et ont allumé la flamme du souvenir devant l'amphithéâtre du mémorial de génocide de Kigali.
Dans son discours, le Président Paul Kagame est revenu sur le thème de la réconciliation nationale. Il a souligné que le Rwanda est certes un petit pays, par ses dimensions géographiques, mais un géant en justice car il a choisi l’unité et la réconciliation des Rwandais, le pardon plutôt que la vengeance.
Le Président Kagame a fustigé certains pays donneurs-de-leçon qui critiquent la justice rwandaise, en leur rappelant que les soldats du FPR ont choisi de ne pas se venger sur ceux qui venaient de massacrer les leurs et que ce choix a été fait sans aucune pression extérieure.
Le Président rwandais a déclaré que le fait que le Rwanda ait décidé d'abolir la peine de mort à l'époque où il avait des gens qu’il pouvait pendre, à juste titre, est une preuve de cette justice guidée par la recherche de réconciliation, alors que certains de ces pays donneurs-de-leçon qui accusent le Rwanda de manquer de justice continuent de l’appliquer.
La commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis est un moment pour réfléchir et tirer des leçons afin de se prémunir contre la répétition du génocide et faire en sorte qu’il n’arrive plus ailleurs, dit le Ministre de l'Unité nationale et de l'Engagement civique. Dr Jean Damascène Bizimana. Une autre chose importante, selon le Ministre Bizimana, est de continuer à lutter contre les gens qui nient le génocide contre les Tutsis et utilisent souvent les réseaux sociaux tels que Youtube. Il demande aux pays qui les hébergent de mettre un terme à leurs activités nuisibles. L’autre objectif est de rappeler au monde entier que les victimes du génocide et les Rwandais en général, ont besoin de justice parce que la plupart des cerveaux du génocide se sont enfuis vers des pays étrangers et ont même parfois acquis des nationalités étrangères, a-t-il ajouté.
Les informations venant du Ministère de la justice montrent que plus de 1400 mandats d'arrêt ont été délivrés par le gouvernement rwandais, mais que tous ces présumés génocidaires ne sont pas encore arrêtés par différents pays qui les hébergent pour qu’ils soient traduits devant les tribunaux.
Pour l’ambassadeur de France au Rwanda, Antoine Anfré, qui s’est exprimé sur sa page twitter, la 28ème commémoration du génocide des Tutsis est une occasion de rendre hommage aux victimes et consolider la solidarité avec les rescapés. La fin du déni de responsabilité, grâce notamment au rapport Duclert est aussi une façon de leur rendre hommage, a-t-il ajouté.
La résolution 74/273 de l'ONU adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 20 avril 2020, souligne clairement que le 7 avril est devenu une journée de commémoration du génocide contre les Tutsis au Rwanda.
C’est dans ce cadre que le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s’est adressé au monde entier pour rappeler que lorsque le génocide de 1994 contre les Tutsis a été fait au grand jour, de nombreux pays ont choisi de garder le silence, entraînant la mort de plus d'un million de personnes. Pour lui, il est temps de réfléchir aux échecs de la communauté internationale car le génocide des Tutsis n'était pas un accident ou quelque chose qui n'aurait pas pu être évité.
La période de deuil national va du 7 au 13 avril, mais comme d'habitude, les activités de commémoration se poursuivront pendant 100 jours jusqu'au 3 juillet 2022.
