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COUP D’ETAT AU BURKINA FASO

COUP D’ETAT AU BURKINA FASO

COUP D’ETAT AU BURKINA FASO

/ POLITIQUE / Saturday, 15 October 2022 21:58

source photo: rtbf.be

Quand le capitaine Ibrahim Traoré souffle le germe de la révolution au peuple Burkinabè

Par Didèdoua F. ZINGUE depuis Ouagadougou

Huit mois après avoir renversé Roch Marc Christian Kaboré, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a, à son tour, balayé en l’espace de 72 heures par « une révolution de palais » conduite par un jeune capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré, après 8 mois 6 mois à la tête du pays.

Si Damiba a été une grosse déception pour nombre de jeunes qui avaient pourtant porté leurs espoirs sur lui aux premières heures des évènements du 24 janvier dernier,  faut-il pour autant se réjouir trop vite de ce nouveau coup de force du jeune capitaine Traoré de 34 ans ? En tout cas, tout porte à croire qu’il bénéficie du peuple qui s’est d’ailleurs mobilisé comme des fourmis magnans presque dans toutes les villes.

Ce coup d’Etat perpétré par le capitaine Traoré qui était jusque-là, commandant du régiment d’artillerie de la 1ère région militaire basée à Kaya au Nord du pays. Principal précurseur dans le putsch fatal au régime de Roch Marc Christian Kaboré, en janvier dernier et qui a installé le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Cette fois-ci, le capitaine Traoré a décidé d’agir pour mettre fin aux réponses médiocres que celui qu’ils ont aidé à accéder au pouvoir.

 Certes le jeune officier de la Rectification du MPSR a, dès sa première sortie médiatique, donné des signaux positifs mais il  faut attendre de le voir à l’épreuve du terrain pour se faire une idée plus précise de  ce dont il est capable. Et comme le dit un adage, « c’est au pied du mur qu’on reconnaît le bon maçon » quand on sait que les défis colossaux auxquels fait toujours face le Burkina Faso, notamment sur les plans humanitaire et sécuritaire restent énormes. Il ne faut pas oublier que Damiba avait également, aux yeux de certains de nos compatriotes, cet a priori favorable dont nous nous méfiions dès sa prise de pouvoir. On sait ce qu’il en est advenu.

On peut cependant se satisfaire d’ores et déjà de ce que les nouveaux maîtres du pays aient annoncé la tenue prochaine de nouvelles Assises nationales pour trouver un président « civil ou militaire » pour poursuivre la Transition qui devrait restée dans les clous des 24 mois définis par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

La situation était d’autant plus explosive avec le sentiment anti français qui renait de plusieurs centaines de manifestants sortis spontanément dans plusieurs villes du pays pour apporter leur soutien aux putschistes. Ils ont laissé éclater leur colère en vandalisant les locaux des enclaves diplomatiques à Ouagadougou et l’Institut français à Bobo-Dioulasso. Mieux, ils ont demandé à la nouvelle junte de mettre plusieurs fers au feu dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, en privilégiant la coopération avec la Russie. Seront-ils entendus ? Rien n’est moins sûr, d’autant que le capitaine Traoré a recadré ses propres éléments qui avaient repris le verbatim des manifestants sur la rupture des relations franco-burkinabè et l’impérieuse nécessité de conclure des accords de défense avec la Russie de Vladimir Poutine dont les couleurs flottaient partout.

La CEDEAO va-t-ils aller dans le sens des aspirations du peuple burkinabè ?

C’est vrai que le nouvel homme fort du Burkina doit savoir que tout bon dirigeant doit aller dans le sens voulu par son peuple. Il sait certainement que celui qui se noie peut s’accrocher désespérément même à la queue d’un requin blanc, mais il n’ignore pas non plus et malgré son inexpérience politique, que « le règne des populistes est éphémère, mais les ruines de leurs actions sont éternelles ». En tout état de cause, le capitaine pourrait jouer la carte de la prudence sur cette question ultrasensible du choix de la Russie comme partenaire stratégique au détriment de la France. Et comme les mêmes causes produisent des effets encore plus dévastateurs que les précédents dans ce Burkina ou tout est prioritaire, IB serait bien inspiré de demeurer cet officier d’active dont on dit qu’il est admiré de la troupe, au lieu de se fourvoyer comme son prédécesseur dans la gestion politique. Le plus dur ne sera d’ailleurs pas de trouver l’oiseau rare, mais de panser les plaies de cette armée en confiture, dont la cohésion a été encore davantage mise à mal par les derniers événements surtout au sein de la grande muette.

A attendant, que le jeune déroule son calendrier, une mission de la CEDEAO est attendue ce 4 octobre à Ouagadougou. Un rôle de pompier d’ailleurs toujours décrié par les populations qui souffrent le plus le martyre. Du reste, Umaro Sissoco Embalo et ses pairs vont-ils durcir le ton sur la nouvelle transition. La mission de cette instance sous régionale ouest africaine est plus ou moins connue pour celui qui sait lire entre les lignes de son communiqué qui condamne ce nouveau coup de force qu’elle juge « inopportun ». La CEDEAO va-t-ils aller dans le sens des aspirations du peuple burkinabè ? En tout cas, la précédente date de calendrier était prévue pour 24 juillet 2024, au plus tard, pour le retour à l’ordre constitutionnel normal. Pour l’heure, la préoccupation actuelle du peuple burkinabè n’est pas l’organisation d’élections, mais la sécuritaire et la crise humanitaire.

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