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La renaissance d’une presse libre et démocratique en Afrique 1990

La renaissance d’une presse libre et démocratique en Afrique 1990

La renaissance d’une presse libre et démocratique en Afrique 1990

/ Tribune Libre / Saturday, 20 March 2021 21:43
 source photo: E-marketing
 
Par Jean Paul HABIMANA

      C’est au cours des années 90, que les pays africains francophones libéralisent les institutions étatiques, en commençant par la réinstauration du multipartisme et de la liberté de la presse, changement que l’on peut appeler « printemps de la presse ». De fait, le grand bouleversement de la fin de la guerre froide et de l’effondrement du communisme en Europe trouve ainsi une résonance  particulière sur le continent africain. La presse pouvait retrouver du même coup sa fonction critique et créative : un modèle s’était dissipé, un autre pouvait donc émerger. L’effondrement des régimes communistes à l’Est a marqué un changement d’époque, dont les médias occidentaux ont été  un catalyseur efficace : on a vu en Afrique des images télévisées  de la chute de Ceausescu et de la destruction du mur de Berlin. Thierry Perret écrit « En 1989, on peut avoir le sentiment, et pas seulement dans les pays d’Afrique se réclamant socialistes, que la page du centralisme autoritaire est tournée. Ces événements coïncident avec la multiplication des indices de faillite économique, qui ont conduit les institutions financières internationales et les principaux bailleurs de fonds à exiger des réformes profondes des États africains. » (Thierry Perret, Le Temps des journalistes. Le temps des journalistes. L’invention de la presse en Afrique francophone. Paris, Karthala, 2005, p.34.) Au fait, le libéralisme économique constitue la doctrine de l’intervention extérieure. Les pays industrialisés obligeaient les pays africains à rompre la dictature pour instaurer un système démocratique afin de continuer des partenariats avec eux. Cette condition sine qua non  est obligée aux pays pauvres par les pays industrialisés. L’objectif était clair et compréhensif : instaurer un système étatique avec des institutions très fortes, car ce système est réputé pour être le plus efficace afin de diriger les sociétés modernes d’une façon démocratique, en se reposant sur les valeurs de l’homme, tandis que dans le système dictatorial ronge le pays dans la pauvreté et surtout dans la corruption, suite à l’absence de la presse libre et des partis d’opposition qui contrôlent les abus et le dérapage du pouvoir. L’instauration de la démocratie est envisagée avec réserve par certains  partenaires (c’est le cas de la France). 

Parmi les grandes réformes exigées, la liberté d’expression fut la première : l’émergence de la presse indépendante et sa contribution à la lutte ont rendu le principe sacré. La question que l’on peut se poser est la suivante : quel fut le rôle de la presse apparue au tournant des années 90 dans le développement de la revendication  sociale  et politique qui allait aboutir, partout ou presque en Afrique, à l’avènement du multipartisme, première étape supposée vers la démocratie proprement dite ? Dans son ouvrage Thierry Perret note que « la question a été débattu, et bien sûr la réponse n’est pas unique. Une certitude : la presse nouvelle a accompagné comme son ombre la démocratisation, et l’a parfois précédée. Dans tous les cas, elle a  servi de relais, de porte-voix ou de signe de ralliement… et pour finir d’initiatrice. A distance, on pourrait l’oublier. L’état de la presse africaine  au début des années 2000, s’il n’inspire pas beaucoup d’enthousiasme, ne devrait pas masquer  la grande ferveur  des années 90, et le rôle alors joué par les journalistes. C’est qu’à ce moment  toute prise de parole ne pouvait qu’à avoir un grand retentissement, en libérant des énergies. » (Perret, Thierry, Le temps des journalistes. L’invention de la presse en Afrique francophone. Paris, Karthala, 2005, p.37).

            Depuis la période de la libéralisation de la presse en Afrique  dite «  Le printemps de la presse », la diversité des opinions se cristallise dans les sociétés africaines. Cependant, toutes les sociétés ne conçoivent  pas de la même façon ces nouveaux systèmes démocratiques. Les uns progressent dans la bonne gouvernance semblable à des pays occidentaux alors que les autres régressent et restent dans le système semi-dictatoriale  d’où l’inefficacité de la libéralisation des médias en Afrique. Partout ailleurs, l’introduction de la presse plurielle dans la société signifie la présence de diversités des opinions. Cependant, la presse plurielle en Afrique n’a jamais joué son rôle de contrepouvoir et n’a pas permis d’offrir à la population une information véridique et objective. Toutefois, elle a tissé la haine, voire des conflits au sein d’une société unie. Nous nous souvenons de la  Radio télévision Libre des Mille Collines au Rwanda et le journal Kangura. Ces deux organes de la presse ont tissé la haine et ont accompagné le génocide  des Tutsi au Rwanda. Pourquoi une jeune presse africaine a-t-elle tissé la haine au lieu de promouvoir la démocratie et la liberté de la presse ?

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